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Le paysan haïtien et la lutte antiérosive depuis 50 ans : un bilan

Le problème de la conservation des sols en Haïti est fondamentalement un problème social et l’une des conséquences de la pauvreté extrême des paysans de morne. La forte densité et le mode d’occupation de la terre constituent des entraves majeures à la conservation des sols et de l’eau. En général les petits cultivateurs haïtiens utilisent des techniques de production originaires de la plaine telles que le brûlis qui crée de l’érosion dans les champs agricoles montagneux. Les paysans haïtiens sont conscients de la dégradation des sols et appliquent certaines pratiques traditionnelles de conservation. Pour arriver à un meilleur résultat de la lutte antiérosive, il est impératif d’adapter l’expertise des techniciens à la réalité quotidienne du paysan.

Depuis 1950, toute une série d’approches de la conservation des sols se sont succédées : des approches équipement du territoire, la construction de murs secs par des projets « nourriture pour le travail », des approches au niveau de parcelles éparpillées, des approches collectives au niveau du micro bassin versant, et des approches économiques : la production durable pour des nouveaux marchés et récemment, la protection des bassins versants en amont et en aval.
Les leçons qu’on peut tirer d’une lecture des éléments d’histoire. Approche économique : Identifier des cibles d’opportunité économique comme le point de départ à la lutte antiérosive. Adapter l’approche au contexte réel. L’innovation réussie se construit sur des pratiques déjà familières aux paysans et accessibles par application de la main d’œuvre avec très peu de coût monétaire, et surtout avec le résultat tangible d’une augmentation significative des revenus à court et moyen terme. Incitations intrinsèques: Faire la vulgarisation des techniques de conservation à base des incitations intrinsèques, et surtout économiques, tout en évitant la dépendance sur des incitations extrinsèques et artificielles de projet. Zonage hydrographique: Pour maximiser l’impact il faut concentrer les efforts géographiquement, atteignant une masse critique de planteurs d’une zone et ciblant des sites prioritaires d’opportunité économique aussi bien que des sites de risque élevé. Utiliser une approche participative à base de subsidiarité : Pour des actions collectives ou publiques et pour les plans locaux d’aménagement, la responsabilité organisationnelle doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème, par exemple les parties prenantes d’une ravine, un micro bassin versant, un petit périmètre irrigué.